La journée mondiale de la maladie d'Alzheimer aura lieu le 21 septembre. Comment faire pour diagnostiquer la maladie ? Qu'est-ce qui est mis en place pour les malades ? Pour les aidants ? Pour le savoir, nous avons rencontré plusieurs acteurs qui œuvrent au quotidien à Abbeville pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ou de maladies apparentées.

LA CONSULTATION MÉMOIRE : PREMIERS PAS VERS LE DIAGNOSTIC

La consultation mémoire de l’hôpital d’Abbeville est composée de gériatres, neurologues, neuropsychologues, infirmières, secrétaire et assistante sociale. De 240 “consultations mémoire” en 2011, elles sont passées à 925 en 2017. Il faut dire qu'en 2020, 1 français sur 4 de plus de 65 ans sera touché par la maladie d’Alzheimer. Rencontre avec ces professionnels qui nous en disent plus sur leurs missions et la maladie elle-même.

Qui accueillez-vous dans vos locaux ?
Nous accueillons toute personne qui pense avoir un trouble de la mémoire, adressée en consultation par son médecin traitant ou dépistée lors d’une hospitalisation soit dans les unités gériatriques (Court Séjour Gériatrique, Soins de Suite et de Réadaptation) ou dans les services non gériatriques au travers de l’équipe mobile de gériatrie. La consultation initiale dure environ 1h et la personne doit être accompagnée d’un proche qui connaît bien ses habitudes de vie. Si les troubles sont décelés, un bilan complémentaire est réalisé (imagerie, bilan biologique et bilan neuropsychologique soit en hôpital de jour, soit en consultation).

Pourquoi est-ce important de poser un diagnostic précocement ?
Tout d'abord parce que la maladie d'Alzheimer n'est pas la seule maladie liée à la mémoire qui existe. Et ensuite parce qu'il y a des solutions pour ralentir sa progression : traitements médicamenteux (même s’ils ne sont plus remboursés par la sécurité sociale, ils peuvent être efficaces), ou non médicamenteux par une stimulation cognitive (accueil de jour ou Equipe Spécialisée Alzheimer à domicile). C'est une maladie dégénérative très lente et il faut comprendre la maladie pour mieux l'appréhender (formation des aidants, café mémoire). On sait aujourd'hui qu'une bonne hygiène de vie, une activité physique, des loisirs, du lien social jouent sur le rythme d'évolution de la maladie. Un diagnostic précoce permet également de prévenir de ses complications et d'améliorer la prise en charge à domicile en coordination avec le médecin traitant. Malheureusement, les personnes sont trop souvent dans le déni et ils attendent qu'un accident arrive pour venir consulter. Mais souvent à ce stade, la maladie est déjà bien installée et on ne peut plus la faire reculer.

C'est une maladie qui fait peur ? Pourquoi ?
Oui, car aujourd'hui on l'associe encore trop souvent à de la démence sénile ! On ne meurt pas de la maladie d'Alzheimer, mais de ses conséquences, dues essentiellement au vieillissement de la personne (maladies cardio-vasculaires, chutes, etc.). Souvent, les premières craintes des aidants ou des patients eux-mêmes quand ils viennent ici, c'est de nous dire “vous allez me mettre en institution ou en maison de retraite !” Mais c'est tout le contraire. Il est préférable que le patient reste dans son cocon familial le plus longtemps possible avec l’appui des associations d’aide à domicile.   

Les “consultations mémoire” sont situées dans une construction modulaire sur le site principal du Centre Hospitalier, rue de l’Isle - rens. 03 22 25 54 76.

ACCUEIL DE JOUR LES MAGNOLIAS

Ici, pas de blouse blanche ni quoi que ce soit qui pourrait rappeler le milieu médical. L'établissement, qui a ouvert ses portes en 2009, ne dépend pas d'un Établissement Hospitalier pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD).
Les malades atteints de la maladie d'Alzheimer et apparentées sont accueillis du lundi au vendredi de 9h à 17h30. Dans un espace agréable de 500 m2 avec patio, jardin clôturé, en plein centre ville, l'établissement peut accueillir jusqu'à 18 patients. “Nous avons actuellement un taux de remplissage de 70 %” précise Jean-Bernard Carpentier, le directeur. Pourtant, les Magnolias offrent une prise en charge rythmée par différentes activités, dans un cadre associant stimulation et socialisation afin de préserver une bonne qualité de vie à domicile pour le malade et ses proches. Au programme de la journée : des ateliers, des jeux, des sorties et bientôt de la musique, du théâtre grâce à un partenariat récemment instauré avec les Scènes d'Abbeville.

Un temps de répit pour l'aidant
“Le fait que le malade soit chez nous permet à l'aidant de souffler un peu et d'avoir du temps pour lui. C'est primordial de penser à soi lorsque l'on s'occupe d'une personne malade. Des familles m'ont rapporté également qu'après une journée passée ici, le malade est plus détendu, avec une bonne fatigue” confie le directeur.

3 aides-soignantes et 1 aide-médico-psychologique au quotidien
Elles sont 4 à s'occuper des malades. Nathalie, Christine, Nadia et Marguerite établissent avec la famille un parcours personnalisé pour le patient. “C'est important de connaître ses petites habitudes, ce qu'il aime faire ou pas. On note également dans un cahier de liaison le déroulement de la journée. Le matin, moment où le malade est le plus réactif, on commence toujours par un atelier mémoire d'une vingtaine de minutes. Notre rôle est de valoriser la personne, la rassurer… À l'heure du repas, les malades se réapproprient des gestes simples : mettre le couvert, débarrasser, faire la vaisselle… Après le temps de repos, l'après midi est dédié aux jeux, puzzle, lecture, sorties, etc.” expliquent les aides-soignantes.

Des interventions thérapeutiques
Depuis 2009, tous les mardis de 10h à 12h, Annie-Pierre Deston-Planchon intervient pour Somme Alzheimer aux Magnolias pour des séances d'art thérapie dans le but d'atteindre des objectifs thérapeutiques personnalisés : stimulation relationnelle, motrice, cognitive et sensorielle. Par petit groupe de 4 personnes, ou en individuel,  par la couleur ou le dessin, elle les aide à faire renaître un souvenir et à exprimer leurs émotions. “Souvent les patients commencent par me dire “moi je ne sais pas dessiner”, mais l'essentiel n'est pas de reproduire un visage ou un paysage, ce qui importe est plutôt dans l'expérimentation du jeu des couleurs et des formes qui sont l'expression des sentiments et des états d'âme du patient. Ces mouvements de couleurs, qui stimulent douceur et passion, sérieux ou gaieté, vont permettre au patient d'avoir un effet anxiolytique par la confiance regagnée. Ces expériences de comportements vont permettre au patient de restaurer l'image qu'il a de lui-même, d'améliorer son regard sur l'autre et soigner  sa vie intérieure. La famille est d'ailleurs parfois surprise du résultat obtenu. On me dit souvent : “Je ne pensais pas qu'il ou elle pouvait encore faire cela”, le regard de l'aidant change et d'un seul coup apparaît une bouffée d'espoir ! L'art thérapie permet ainsi aux malades d'être apaisés, de reprendre confiance en eux, mais surtout d'être valorisés !”.

ACCUEIL DE JOUR “LES MAGNOLIAS” : 30 rue du Chevalier de la Barre - ouvert du lundi au vendredi de 9h à 17h30.
Tarifs : en déduisant les aides, il faut compter entre 20 et 40 € par jour (transport et repas compris). Renseignements : 03 22 20 20 73.

TÉMOIGNAGE - Michelle : “Il faut savoir se faire aider”

Ils sont 350 adhérents comme Michelle Desplain à faire partie de Somme Alzheimer. Témoignage d'une Abbevilloise dont la vie a basculé il y a deux ans à l'annonce de la maladie de son mari.

C'est à l'accueil de jour les Magnolias que nous avons rendez-vous avec Michelle Desplain. Deux fois par semaine elle y dépose son mari, Jean, 68 ans atteint de la maladie d'Alzheimer. Elle y voit d'autres aidants comme elle, qu'elle connaît bien maintenant. Aujourd'hui, elle est accompagnée de Jean-François Nobels, le responsable de Somme Alzheimer.

Une formation pour les aidants
“Tout a commencé en septembre 2016, lorsque Jean a été hospitalisé se souvient encore émue Michelle. Il était soigné pour un œdème et lorsque je suis allée le voir, il avait été transféré en neurologie. On m'a alors parlé de la maladie d'Alzheimer. Maintenant avec le recul, je me dis qu'il y avait des signes annonciateurs : il ne lisait plus son journal comme avant, il manquait d'entrain, prenait moins de décisions, je me disais qu'il était sûrement fatigué. Suite à une consultation mémoire à l'hôpital on m'a parlé de l'association Somme Alzheimer. J'ai tout de suite trouvé une écoute et j'ai participé à la formation des aidants”.
“Deux fois par an, nous proposons cette formation à Abbeville indique Jean-François Nobels. Avec l'aide d'une psychologue, nous abordons tous les sujets sans tabou. Les aidants se retrouvent avec des personnes qui ont les mêmes problématiques qu'eux et cela crée du lien”.
“J'y ai rencontré des gens comme moi, continue Michelle. Grâce à cette formation de 5 séances, j'ai appris beaucoup de chose sur cette maladie, la façon de parler aux malades, les stratagèmes pour se faire écouter !”

Garder du lien social
Michelle et Jean participent à toutes les animations mises en place par Somme Alzheimer : café mémoire, repas. “Ces rendez-vous mensuels sont des bouffées d'oxygène !” livre Michelle.
En mai dernier, le couple s'est même rendu à Cabourg lors d'un voyage organisé par France Alzheimer dans un village vacances. “C'était super ! résume Michelle. Pendant 10 jours, je me suis reposée ! Les bénévoles et aides-soignants sont là pour nous aider dans les tâches du quotidien. Le fait de ne pas cuisiner, sortir, voir la mer, ça m'a fait un bien fou. Et puis, on est tous dans le même cas, il n'y a donc pas de honte à avoir“.
“Le regard des autres n'est pas facile à accepter, ajoute Jean-François Nobels. Il ne faut pas avoir honte d'en parler, de sortir de chez soi. Plus le malade gardera une vie sociale, moins vite la maladie s'installera”.

Renseignement Somme Alzheimer : 03 22 09 38 46.

LES AIDES AU MAINTIEN À DOMICILE

Réseau gérontologique de la Baie de Somme Picardie Maritime

Pour le maintien à domicile des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, de nombreux services peuvent être mis en place : livraison de repas à domicile, télé alarme, venue d'une auxiliaire de vie, séjour en maison de retraite, intervention de SSIAD (soins infirmiers à domicile)… Pour faciliter toutes ces démarches administratives et établir les besoins, les équipes du réseau gérontologique se rendent directement à votre domicile.
“Nous intervenons avec l'accord du médecin traitant prioritairement chez le sujet âgé de 75 ans et plus ou à partir de 60 ans en cas de poly-pathologies” explique Catherine Bianchi, une des 3 infirmières du réseau. “Notre rôle est de renseigner, conseiller, orienter et coordonner pour un accompagnement individualisé après une expertise gériatrique afin d'éviter les hospitalisations. Nous sollicitons les différents intervenants en cohérence avec les besoins de la personne et ses attentes. On peut aussi apporter un soutien psycho-social et proposer des solutions de répit” résume l'infirmière coordinatrice responsable. Le réseau gérontologique assure le suivi sur une durée de 6 mois ou plus avec des visites et des appels téléphoniques. En 2017, 178 demandes ont ainsi été enregistrées sur le réseau. 96 concernaient des demandes liées à la maladie d'Alzheimer.
Rens. : 03 22 60 64 20.

Une allocation

L'A.P.A., allocation personnalisée d'autonomie, est destinée à toute personne de 60 ans et plus, ayant besoin d'une aide pour l'accomplissement des actes essentiels de la vie ou dont l'état de santé nécessite une surveillance régulière. Vous trouverez au Territoire d'action sociale Picardie Maritime à Abbeville, 2 rive droite de la Somme, les professionnels du Conseil départemental en charge de cette prestation. Pour une 1ère demande d'A.P.A., les pièces administratives demandées sont les photocopies d'une pièce d'identité et du dernier avis d'imposition, un justificatif de domicile, un R.I.B. et le dossier renseigné. À la réception de ces documents, vous recevez un courrier avec la proposition d'un rendez vous à domicile et la liste des services d'aide à domicile intervenant dans votre secteur, permettant de vous renseigner auprès d'eux. Lors de l'entretien à domicile, en présence d'un membre de votre famille si vous le souhaitez, l'infirmière ou l'assistante sociale A.P.A. évaluera vos besoins en aide humaine. Une proposition de plan d'aide vous sera ensuite adressée dans le délai de 10 jours.
L'équipe autonomie A.P.A. est joignable au   03 22 97 23 78 ou 03 22 97 21 26.